Ryad Merhy, un futur champion du monde belge de boxe ?
Ryad Merhy, un futur champion du monde belge de boxe ?
A peine 4 ans après avoir commencé la boxe anglaise professionnelle Ryad Merhy (24-0) va combattre une autre machine de guerre à Marseille, Arsen Goulamirian (22-0).
A 25 ans notre bruxellois compte 24 combats, 24 victoires et 20 KOs ce qui lui a permis d’accéder à un combat pour la ceinture vacante de champion du monde WBA dans la catégorie cruiserwweight ; 90,7 kilos.
C’est à 23 ans que notre jeune prodige décroche sa première ceinture, la WBC International Silver vacante contre le canadien Louis Sylvera qui s’inclinera par KO. Seulement 6 mois après il stoppe William Ocando par TKO et prend possession de la ceinture vacante WBA Intercontinentale. Il la défendra 3 fois à rythme de tous les 6 mois contre (dans l’ordre) Max Alexander (KO), Mitch Williams (UD) et Nick Kisner (KO), tous les 3 américains.
La ceinture mondial WBA étant vacante Ryad, classé 2ème mondial, se retrouve tout logiquement à combattre pour ce prestigieux titre.
Nous avons eu la chance de le rencontrer et de l’interviewer avant son départ pour Boston.
MMANytt.be : Bonjour Ryad, qu’as-tu pensé quand le combat a été annoncé ?
Ryad Merhy : C’est enfin le moment de prouver mon vrai niveau. Quand on me l’a annoncé j’étais emballé et quand j’ai appris que c’était Goulamirian je me suis dit que ça allait être un gros morceau. J’étais content parce que je m’entraînais pour lui depuis le début mais je ressentirai mieux les choses si je gagne cette ceinture. Mais rien n’était sûr, on a commencé à négocier au mois de novembre 2017 et on était 3 dans la course. Il y avait les russes et français et les belges. Mais petit à petit les choses se sont débloquées en notre faveur.
MMANytt.be : Tu peux un peu me parler d’Arsen Goulamirian ?
R.M. : Goulamirian c’est 22 combats, 22 victoires, 14 KO, c’est un bon puncheur. C’est un tout ou rien, il va donner tout son cœur dans ce combat, c’est un tank, il ne fait qu’avancer. Je pense que sa stratégie sera d’essayer de m’étouffer mais il n’est pas encore tombé sur un style de combattant comme moi. On verra ce que ça donne…
MMANytt.be : Tu l’as rencontré à Paris, qu’as-tu pensé de lui ?
R.M. : On a fait les photos pour la promotion ainsi que quelques vidéos. On a eu un face à face verbal et expliquer ce qu’on pensait l’un de l’autre. Il était très respectueux, moi aussi. Il y avait 2 puncheurs l’un en face de l’autre mais sans trash-talk, juste du respect l’un envers l’autre.
MMANytt.be : Tu as déjà croisé des boxeurs qui avaient son style…
R.M. : Plutôt un, Antonio Sousa, c’était un tank mais ce n’était pas un vrai boxeur. C’est un gars qui venait de la boxe thaï, donc ses coups étaient très larges. Arsen est un vrai boxeur d’anglaise, donc ses coups vont déjà être un peu plus droits par rapport à Antonio, mais ce sera plus ou moins le même style. Je crois que je vais devoir bouger et être toujours à l’affut.
MMANytt.be : Il y a-t-il quelque chose en particulier que tu travailles pour lui ?
R.M. : Ben comme c’est quelqu’un qui n’arrête pas d’avancer, et quand tu le frappes, il continue, il va falloir que je sois le plus mobile possible et de le perturber dans ses déplacements.
MMANytt.be : Est-ce qu’il y a des changements dans ta préparation ?
R.M. : Non pas vraiment, on part juste à Boston pour les sparings pendant une dizaine de jours puis je rentre jute pour changer de vêtements et je vais directement à Marseille.
MMANytt.be : Tu t’entraînes avec Hector Bermudez et c’est lui qui va superviser tes sparings à Boston. Peux-tu me parler un peu de lui ?
R.M. : Je l’ai rencontré il y a 3 ans. J’étais partis faire un stage chez lui. Je suis vite revenu. Le temps était vraiment pourri, je venais à peine de commencer ma carrière et je n’étais pas en phase pour partir faire un camp d’entraînement, J’y suis resté quand même une semaine et il ne m’a fait que marcher et rester assis sur mes jambes. Je lui ai dit que je n’étais pas en phase et que je rentrais mais quand je combattrai pour la ceinture je l’appellerai. Quand je suis revenu j’ai compris qu’il y avait des choses que je devais changer. C’était vraiment un caprice de gamin que j’ai eu à l’époque. Et maintenant on se prépare ensemble pour cette ceinture de champion du monde. Il était super content quand on l’a appelé et a dit que c’était un honneur pour lui de participer à mon camp. Il m’a dit aussi qu’il n’est pas là pour change ma boxe mais pour apporter un plus.
MMANytt.be : Est-ce que tu ressens de la pression par rapport à ce combat ?
R.M. : Non pas vraiment, mais si je peux devenir le premier champion du monde belge chez les hommes ce serait un rêve, c’est vraiment un objectif que je m’étais fixé en commençant la boxe. Et je pense que si je deviens champion des portes vont s’ouvrir en Belgique pour la boxe. J’espère que la boxe soit un peu plus reconnue et qu’on donnera une autre image de ce sport, une belle image.
MMANytt.be : Que penses-tu de boxer en « territoire ennemi » ?
R.M. : Cela ne change rien pour moi. C’est comme si j’étais à la maison, j’ai de famille et des amis en France qui vont faire le déplacement, les belges vont aussi descendre jusque-là. Cela ne m’étonnerait pas que l’on ait un beau petit gradin bien rempli avec nos drapeaux.
MMANytt.be : Est-ce que tu te permets déjà de rêver de brandir la ceinture ?
R.M. : Tout le monde rêve de devenir champion du monde, mais ma priorité avant tout est de voir un changement au niveau de la Belgique. J’ai envie de changer les clichés qu’on a par rapport à la boxe. Ça commence tout doucement mais si je suis champion du monde, je serai super heureux, ce sera un plus dans ma carrière, et si je ne le suis pas et que j’arrive à vivre ma vie normalement ça va aussi.
MMANytt.be : Que peux-tu dire de ta jeune carrière ?
R.M. : C’était un long parcours jusqu’au championnat du monde, ça fait déjà 4 ans. J’ai arrêté les études. Je n’avais pas plus de choix, il fallait que je me concentre sur une chose et je n’ai pas choisi le sport le plus facile. L’ADEPS me soutient maintenant en tant que sportif de haut niveau à temps plein. Je peux vraiment dire entre guillemets que je gagne ma vie grâce au sport. La carrière est très courte, donc il faut faire des bons choix et faire un bon cheminement.
Quatre ans de combats, quatre ans de patience avant vraiment d’arriver à un combat qui va faire vibrer un peu beaucoup de monde et beaucoup de monde m’a critiqué, ce sera l’occasion de leur montrer le vrai potentiel que j’ai.Mais c’est surtout un travail pour moi-même, je connais mes capacités mais ça va me réconforter dans les choix que j’ai fait. Je verrai si j’ai les épaules assez solides que pour supporter cette pression.
Un bon boxeur a du talent mais qui doit être justement représenté, c’est Alain Vanackère qui nous explique le processus pour arriver à cette ceinture.
MMANytt.be : Bonjour Alain, peux-tu nous parler de ce combat ?
Alain Vanackère : Ça va être génial. C’est un parcours très réfléchi. J’ai eu une discussion avec Ryad et je lui expliqué que pour pouvoir arriver à un championnat du monde il fallait avoir de la patience et beaucoup de rigueur et discipline pour pouvoir rester très concentré sur la durée, qu’avant 5 ans il était très difficile de pouvoir être classé mondial et d’avoir une chance mondiale. Ryad était prêt déjà dans sa tête à programmer ce travail à avoir de la patience et surtout la rigueur de s’entraîner en continu. C’est à dire de ne pas faire un combat puis partir en sucette à ne rien faire et ensuite devoir perdre 10 kilos. C’est quelqu’un qui est très travailleur et qui a une très belle hygiène de vie. Il a avancé en continu ; il a beaucoup combattu au début de sa carrière et ensuite on a commencé à les espacer mais en en montant en intensité en prenant des adversaires de plus en plus intéressants. Même si le monde belge est fort critique par rapport aux sports de combat en Belgique, par rapport à mes connaissances et par rapport à ce que j’avais à faire j’ai fait mon travail et il a fait le sien. On s’est, lui et moi, défait des critiques qu’on a puisque le but était d’atteindre le monde. On a gravi les échelons et on a su convaincre un public, pas spécialement de connaisseurs mais qui a appris à connaître Ryad, à l’apprécier. On a convaincu la télévision du projet, ça a plus, on est passé de 4% d’audience à 17%, c’est ce qui a fait qu’on a eu un peu plus de poids pour organiser des championnats en Belgique et grâce au travail de promotion et management on a réussi à ce que Ryad soit reconnu à l’étranger et qu’il gravisse les échelons jusqu’à devenir numéro 2 mondial juste au bon moment.
C’est à la convention de Medellìn en novembre 2017 où les choses se sont vraiment finalisées pour le championnat du monde. La mise en place était faite, il n’y avait plus qu’à « gagner » au mois de décembre contre un adversaire qui était imposé par la WBA, Nick Kisner, Champion des Etats-Unis, critiqué en Belgique pour son physique et apprécié au US pour sa boxe. On est vraiment dans 2 domaines différents. On a des américains qui connaissent la boxe et on a des pratiquants belges qui pensent connaître les bases belges et qui sont fort critiques et nous on est au milieu.
MMANytt.be : il est vrai que Kisner était critiqué pour son physique alors que Ryad ne se sentait pas à l’aise face à cet adversaire.
A.V. : C’est un garçon qui a 300 combat amateurs/pros qui a été champion du monde olympique, champion du monde junior, il a battu 2 champions olympiques en amateur, il boxait en poids lourd et était le plus jeune champion poids lourd des US et c’est un garçon qui n’a pas le physique mais qui a la boxe en lui. Moi je m’en méfiais quand même assez fort de ce garçon. Il était surprenant.
MMANytt.be : Tu dis qu’il a été imposé, peux-tu élaborer ?
A.V. : Il a été imposé par Georges Martinez qui est le président de la WBA Nord Américain. Il voulait que son champion Nord Américain boxe notre champion Belge pour le titre intercontinental, ce qui avait du sens et c’était un test pour eux pour voir si Ryad avait la capacité de passer le cap et d’aller vers un championnat du monde.
MMANytt.be : Maintenant on y est, tu peux me parler de son adversaire ?
A.V. : Arsen est un garçon que j’ai croisé il y a 3 ans, il avait boxé en Belgique contre Ismail Abdul. Je m’étais dit qu’il était très puissant, il avait une boxe intelligente et que ce serait un adversaire qui pourrait vraiment être intéressant pour Ryad pour du haut niveau. Il y a 1 an et demi il a signé avec Univent Boxe que je connais bien et je les ai contactés pour voir qu’il était possible d’organiser un championnat du monde en France ou en Belgique et ça s’est concrétisé.
MMANytt.be : Pourquoi ça se fait en France et non pas en Belgique ?
A.V. : Quand on était à Medellìn pour la convention on a remarqué qu’il y avait une erreur technique par rapport au titre de champion du monde. Il faut savoir qu’il y a 2 titres de champion du monde en WBA ; il y a le champion régulier et un champion réunifié qui boxe pour plusieurs ceintures de champion du monde. Hors récemment il y a eu un gros tournoi, le champion réunifié a pris sa retraite et donc le champion régulier est devenu champion réunifié. Mais vu qu’il participait au tournoi il a dû abandonner la ceinture régulière, donc la ceinture est devenue vacante, on a pu donc récupérer le championnat à condition de le faire dans les 3 mois. On s’est mis d’accord avec Univent Boxe de faire ça en France et si en cas de force majeure ça devrait être annulé ou autre ce serait organisé en Belgique au mois de mai. De plus le numéro 3 est russe et sa promotion poussait beaucoup pour avoir le championnat, ils ont beaucoup d’argent et avaient déjà donné un chèque de garantie de 400.000$ si Univent et moi ne pouvions nous mettre d’accord et alors aurait pu passer devant nous.
Et si Ryad gagne on ferait la défense le 16 décembre 2018 au Spiroudôme et dans ce cas ce serait diffusé sur RTL Club mais aussi peut-être sur RTL-TVI et ce qui donnerait une fenêtre sur un public qui ne connaît pas ce sport.
MMANytt.be : Toi qui le connaît depuis longtemps, que penses-tu du parcours de Ryad ?
A.V. : Je suis surtout fier de son parcours, moi je suis fier de mon travail de manager, Marc, Patrick et Hector font chacun leur boulot dans leur domaine, je suis surtout content et fier de l’unité qu’on a pu faire, on a eu 2 ou 3 petits kwaks avec des personnes qui sont partie mais ça arrive partout. Je suis fier de Ryad, de son investissement, qu’il a été reconnu, qu’il ait l’intelligence de s’exprimer comme il s’exprime après un gala de boxe. Je suis content de la façon dont il boxe, qu’il ne prend pas trop de coups, il arrive à un championnat du monde sans être abimé en étant frai et dispo. Il a la flamboyance de la jeunesse et la grandeur de son talent qui sont là au bon moment.
Ce talent il faut bien le représenter mais également bien l’affûter, c’est là qu’Hector Bermudez entre en scène.
(Traduit de l’anglais)
MMANytt.be : Bonjour Hector, alors parle-moi un peu de Ryad…
Hector Bermudez : Il y a 3 ans j’ai vu cet incroyable athlète qui avait un talent brut. Il avait du talent mais il fallait travailler sur sa technique, ce qui est mon boulot. Son job est d’avoir le don de dieu ; le talent mon job est qu’il utilise son talent avec de la bonne technique et non pas l’inverse. Quelqu’un comme Roy Jones Jr avait énormément de talent mais sa technique était loin derrière. Et comme il était très talentueux il arrivait à s’en sortir, mais quand il a commencé à vieillir, il a décliné rapidement. Mais quand quelqu’un met son talent derrière la technique, alors on a quelqu’un comme Floyd Mayweather qui peut combattre longtemps.
MMANytt.be : Maintenant c’est la 2ème fois que tu travailles avec lui et il m’a dit plus tôt que qu’il te reverrait et te voulait pour ce championnat du monde. Qu’en penses-tu ?
H.B. : Je pense que c’est très intelligent de sa part ! (Rires) Je pense que j’ai de la chance, je suis honoré de faire partie de l’équipe. J’apprécie énormément et je lui ai dit que je ferai de mon mieux d’utiliser la meilleure stratégie pour le combat.
MMANytt.be : Comment trouves-tu Bruxelles ?
H.B. : Les gens sont super, la ville aussi. J’ai vu le petit bonhomme qui pissait (rires), j’aime bien l’histoire qu’il y a derrière… Je suis également allé voir le lion de Waterloo. J’ai appris beaucoup sur Napoléon Bonaparte. J’ai essayé les frites et les gaufres mais pas les bières, je ne bois pas d’alcool.
MMANytt.be : Peux-tu parler un peu de ton rôle dans l’équipe ?
H.B. : J’aime l’intelligence et la stratégie, je déteste la bagarre de rue, la boxe est un art, une science. On va travailler sur les meilleures possibilités qu’il peut y avoir dans un combat. Arsen est très bon et très puissant, je le respecte mais je respecte encore plus la boxe. Et en respectant la boxe tu peux implémenter les bonnes choses à faire. Nous n’avons pas peur de lui, on ne se préoccupe pas de lui, on respecte la boxe et en boxe, tout peut aller mal avec un seul coup et dans cette catégorie ils sont très explosifs, rapide et puissants.
MMANytt.be : Comment vois-tu le combat se dérouler ?
H.B. : Ce que je peux dire c’est que nous avons l’avantage, je suis confiant de nos outils, la variété de styles que l’on implémente comparé à ce qu’Arsen peut implémenter. Arsen peut mettre la pression et te mettre KO, et ça peut arriver. Mais on peut faire plein de différentes choses pour parer cela, on a un jeu plus complet. Ryad est très intelligent, rapide, puissant et je pense qu’il est le plus talentueux des 2. Bien sûr je suis un peu partial mais si je ne l’entraînait pas je parierais sur lui. Ce sera difficile pour Goulamirian de sortir des premiers rounds grâce à la variété de choses que nous apportons. Si il arrive à passer les premiers rounds ça pourrait aller à la décision. Et je ne parle que de style de combat.
MMANytt.be : Quelles sont les prochaines étapes ?
H.B. : Des gens disent que la boxe est 75% mentale et 25% physique, d’autres penses 90%/10%, mais quelque ce soit, on sait que le mental a beaucoup plus d’importance que le physique quelque soit les chiffres que tu veuilles mettre.
Donc pourquoi entraîne-t-on uniquement le physique et non le mental ? Donc pour ce championnat la question à se poser est : a-t-il peur, est-il stressé, je dois alors calmer le tout, je dois choisir la stratégie pour lui parler, quel style de relation j’aurai avec lui mais dans ce cas Ryad est très concentré, c’est un genre de combattant qui n’a peur de rien, je devrai donc l’aider à visualiser le combat round par round, section par section, je travaille donc avec lui de manière positive en plus de la technique.
MMANytt.be : Que penses-tu de son évolution ?
H.B. : Pour devenir un grand boxeur il devra combattre aussi en poids lourds. Pour les prochaines années je le vois facilement dominer sa division. Il devra surpasser ses limites, se donner du challenge, il est jeune, il a un bel avenir devant lui.
Promo Goulamirian vs Merhy
C O U N T D O W N …? : https://www.librairie.be/billetterie/12rounds/
Publicerat av Ryad Merhy den 6 februari 2018
Face à face entre Goulamirian et Merhy
PRÉFACE "les poings parleront pour nous. " Ryad Merhy vs Arsen FEROZ Goulamirian#UniventBoxe
Publicerat av Ryad Merhy den 20 februari 2018